Dans cet extrait, Kant, philosophe allemand des Lumières, tente de montrer la différence entre la haine de l'injustice et la haine qui pousse à se venger.
Extrait :
Si [le désir du droit] est excité par le seul amour-propre*, c’est-à-dire dans la vue exclusive d’un avantage personnel, et non au profit d’une législation utile à tous, c’est alors un mobile* sensible de la haine non de l’injustice, mais de l’injuste contre nous. Et cette [haine] convertit le désir du droit […] en passion de représailles, qui devient souvent une hallucination, capable d’exposer les jours* de celui qui s’y livre […], et même de rendre (par la vengeance du sang) cette haine héréditaire entre des nations, parce que, comme on dit, le sang de l’offensé, tant qu’il n’est pas vengé, crie jusqu’à ce que ce sang injustement versé soit lavé par un autre sang, — même si ce dernier devait être celui d’un des descendants innocents du coupable.
Emmanuel KANT, Anthropologie d’un point de vue pragmatique (1798), tr. J. Tissot, Ladrange, 1863, p. 246.
* amour-propre : amour de soi, sentiment de sa valeur personnelle.
* un mobile : cause, raison d'agir.
* exposer les jours : mettre en danger sa vie.
Questions :
1. Qu’est-ce qui différencie le "désir du droit" du désir de vengeance ?
2. Quels sont, selon l’auteur, les dangers de la vengeance ?
3. À partir de ce travail, expliquez pourquoi la haine mène, dans la vengeance, nécessairement à l'injustice.
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